Manuscrits et archives

Historien, Docteur d'Etat ès Lettres, Francis Ley est l'auteur d'ouvrages fondés sur une documentation souvent inédite. Sa thèse de doctorat a pour titre : "Le maréchal de Münnich et la Russie au XVIIIe siècle" (1959). Quatre de ses ouvrages ont été couronnés par l'Académie française, à savoir " Mme de Krüdener et son temps" (1961), "Bernardin de Saint-Pierre, Mme de Staël, Chateaubriand, Benjamin Constant et Mme de Krüdener" (1967), "La Russie, Paul de Krüdener et les soulèvements nationaux, 1814-1858 " (1971), et "Alexandre 1er et sa Sainte-Alliance, 1811-1825" (1975). Unique descendant de Madame de Krüdener, fille d'un diplomate russe, les problématiques historique que Francis Ley a abordées concernent essentiellement les XVIIIe et XIXe siècle et l'histoire de la Russie et du libéralisme.

Avec ses nombreuses sous-séries employant des dénominations multiples, faisant croire à une grande complexité, le fonds Ley regroupe ainsi des archives de deux natures différentes. Versé à la Ville de Genève par Francis Ley, il se compose d'une part de papiers de familles et d'autres part des documents issus de ses recherches historiques.

Les sous-série concernant les familles Krüdener, d'Oppell, Privat et Gignoux se rattachent toutes à la lignée d'Alexis Constantin de Krüdener (1746-1802), ambassadeur de Russie et à sa troisième épouse, Julie Barbara de Vietinghoff (1764-1824), plus connue sous le nom de "madame de Krüdener". La complexité venant qu'en cinq générations, cette lignée passe par trois filles: Juliette de Krüdener femme d'Oppell, Edwige d'Oppell femme Privat et Marguerite Privat femme Ley. La famille Gignoux n'est rattachée qu'indirectement à cette lignée, John Gignoux ayant été le second mari d'Hedwige d'Oppell.

Cette troisième épouse, dite "madame de Krüdener", a une grande notoriété. Ecrivaine russe d'expression française, elle a notamment publié "Valérie", un roman épistolaire, puis "Alexis ou l'histoire d'un soldat russe", "La cabane des lataniers", "Les malheurs de l'Hélvétie", etc. Ayant quitté son mari en 1789, elle connaît plusieurs liaisons dont naîtra Paul Hauger. Libérale, elle fréquente les salons de Madame de Staël dès 1801. Quelques années plus tard, elle se convertit à la foi des frères Moraves, un mouvement évangéliste d'essence luthérienne, proche du calviniste mouvement du Réveil. Elle lancera ses dernières forces, accompagnée de sa fille, de son gendre et de la princesse Galitzin, dans la création d'une institution chrétienne à Karazov-Bazar en Crimée, où elle meurt peu après son arrivée, le 25 décembre 1824.

Paul de Krüdener (1784-1858), fils de Julie de Krüdener, est, au début du XIXe siècle, secrétaire de l'ambassade russe à Paris. Arrêté par Napoléon, il parvient à fuir et à rejoindre la Suisse. Attaché au comte Jean Capo d'Istria, nommé par les chefs de l'insurrection grecque "président de la Grèce" en 1827, il négocie l'adhésion de la Suisse à la Sainte Alliance. Nommé ministre plénipotentiaire à Washington, Paul de Krüdener y négocie entre 1830 et 1832 le premier accord commercial entre les Etats-Unis et la Russie. De retour en Europe, il s'installe à Francfort et assiste à la Révolution de 1848. Marié à une femme issue de la bourgeoisie bernoise, tandis que lui n'est pas d'origine noble, son union est d'abord considérée comme illégitime, avant que le Tsar ne l'anoblisse.

John Gignoux (1860-1930), second époux d'Hedwige d'Oppell de Krüdener, petite fille de Paul de Krüdener, est un homme politique genevois de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Fils d'horloger, il débute sa carrière à la commune des Eaux-Vives, dont il devient maire de 1904 à 1918. Ensuite, il siège au Conseil d'Etat de 1918 à 1924.

Les autres sous-séries du fonds ne se rattachent ainsi pas à la lignée Krüdener, du moins pas directement. Il est fort possible, étant donné la richesse de ces sous-séries, qu'un lien de famille indirect existe. Cependant, l'activité diplomatique d'Alexis de Krüdener et de son fils Paul, qui correspond chronologiquement aux documents des sous-séries non liées aux ascendants directs de Francis Ley, peut également en expliquer l'existence. Notamment, la très riche sous-série du comte Ernest de Münnich regroupe les documents utilisés par Francis Ley pour réaliser sa thèse de doctorat.

Alexis Constantin de Krüdener (1746-1802) ép. 1: Rebecca Swedland (divorce en 1772), ép. 2 : Eva Maria Schick (1753-1826) dont il divorce en 1776, ép. 3 (en 1782): Julie Barbara de Vietinghoff (1764-1824). Il a 3 enfants. De la première Juliette Krüdener (1787-1865) ép. Berkheim (1785-1836) et de la troisième Sophie Isabelle (1773-1847) ép. du marquis d'Ochanda et Paul (1784-1858 qui suivra.

Sa troisième épouse, Julie Barbara, le quitte en 1789 et aura par la suite un enfant illégitime avec Hyppolite Claude Terray de Rosières. Cet enfant prendra d'abord le nom de Paul Roschak, puis celui de Paul Hauger.

Paul de Krüdener (1784-1858) ép. Marguerite König, dont il a : Marie (1818-1911), sans descendance; Alexis (1819-1852) sans descendance; Marie (1823-1906) ép. Graf sans descendance; Paul (1824-1881), sans descendance; Juliette (1825-1915) qui suit.

Juliette de Krüdener(1825-1915) ép. Heinz von Oppell (?-1864), dont elle eut: Edwige (1857-1951) qui suit, et Marie (1860-1952).

Edwige d'Oppell Krüdener (1857-1951) ép. 1: Ernest Privat, puis ép. 2: John Gignoux. Ce dernier avait fait souche en épousant en première noces Lucie Rochat.

Edwige d'Oppell Krüdener (1857-1951) a de son premier mariage: Arthur Privat d'Oppell (1878-1959) ép. Nadine Méranville, sans descendance; Raoul (1880-?) ép. Louise Bouffard, sans descendance; Marguerite qui suit; Juliette.

Marguerite Privat d'Oppell ép. Ivan Ley, dont elle eut Francis, ép. Henriette Gautier.

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