Manuscrits et archives

Né le 13 juin 1918 d'un père français, Louis Henri, et d'une mère suisse, Mélanie Julie Piguet, Paul Lambert grandit à Châtelaine (Genève). Comme bien souvant dans le milieu ouvrier, il déserte jeune l'école pour l'usine, où il travaille comme plombier.

A 19 ans, il quitte la Suisse pour Paris, attiré par le septième art. Secrétaire de Michel Simon, il multiplie les "petits boulots". Il entre enfin rééellement dans le métier en 1941 comme collaborateur de Fernand Gigon pour la réalisation de documentaires ("Boléro", "Histoire d'une patrouille militaire"...). Il poursuit en tant qu'assistant de Jean Rouche, réalisateur et ethnologue, de Jacques Feyder ("Une femme disparaît") et de Julien Duvivier.

Nommé reporter de guerre à la fin de la Seconde guerre mondiale, il est envoyé couvrir la Libération sous les ordres d'André Malraux. En 1946, il assiste Marc Allégret pour "Petrus". Un an plus tard, il suit des cours d'ethographie au Musée de l'Homme à la Sorbonne. Ce sera pour lui une période riche en expériences. Un jour, il sera animateur en boîte de nuit à Saint-Tropez, l'autre, clandestin sur un bateau en partance pour le Brésil. Cette dernière aventure sera d'ailleurs à l'origine de la pièce "Le Clandestin", qui passera sur les ondes radiophoniques en 1958. Il y abordera les différences de traitements entre deux prisonniers, l'un blanc, l'autre noir. En 1947 toujours, il est engagé comme assistant réalisateur dans l'équipe de Paul-Emile Victor lors de ses expéditions en Norvège et en Finlande.

1951 verra surgir l'un de ses plus grands coups de coeur à l'occasion du premier rallye Alger-Le Cap. Ce sera l'occasion, quelques années plus tard, de donner la parole à des peuples particuliers, avec des documentaires tels que "Petite vie - Pygmées, danseurs de dieu" (1976) et "Les hommes du dernier soleil" (1972), traitant des Touaregs et des Peuls-Bororos au Niger. En 2006, "Fraternelle Afique", relatera quant à elle ses odysées africaines de 1949, 1952 et 1970.

En 1956, assistant caméraman pour "La passe du diable" (1958) de Jacques Dupont et Pierre Schoendoerffer, il découvre cette fois l'Afghanistan. Cinq ans plus tard, il part pour l'Amazonie avec un budget de 10'000 CHF, avancé par l'industrinel Filipinetti. Le tournage n'a rééellement lieu qu'en 1962. A son retour en Suisse, il se retrouve confronté à certaines difficultés financières, la Confédération refusant de le soutenir. Il se tourne donc vers son ami Malraux, alors Ministre de la culture, qui lui octroie les subventions nécessaires, permettant la naissance de "Fraternelle Amazonie". Dès lors, il n'aura de cesse de dénoncer les maltraitances dont sont victimes les peuplades indiennes. Il sera d'ailleurs convié par le commandant en chef des Forces aériennes brésiliennes à présenter son film dans les écoles militaires du pays afin de sensibiliser les recrues à cette thématique (1969). Parallélement au film, il publie chez Robert Laffont le récit du tournage et de son immersion culturelle. Le film rencontrera un succès retentissant, obtenant un prix au Festival du film de la Jeunesse à Cannes, allant même jusqu'à être pressenti pour les Oscars à Hollywood comme meilleur documentaire étranger.

Il s'intéresse également à l'art dramatique. En effet, après "Grand printemps" (1943), qui dresse le portrait de la jeunesse d'après-guerre, donné à la Comédie de Genève et interprété par Jeanne Provost et Gérard Oury, il présente "Smara" en 1965 et "Ciel noir" en 1984. En 1993 enfin, il publie une ultime pièce, "Théâtre vécu - théâtre d'espoir".

En 1990, il propose l'organisation dees "Etats Généreux" de l'Utopie, idée reprise par "le Courrier", afin de "régénérer les démocraties occidentales, vidées de leur contenu démocratique rééel" et de "supprimer la démocratie de "l'avoir" au profit de celle de "l'être"".

Cette homme épris de justice, ce médiateur si particulier qui a su sensibiliser les jeunes aux problèmes contemporains rencontrés par les peuples amazoniens grâce à ses conférences dans le milieu scolaire, s'éteindra le 22 mai 2004 à Genève.

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