Manuscrits et archives

Lors de la création de la Municipalité, le secteur des travaux de la Ville fait encore partie de la Chambre des Travaux, qui est du ressort de l’Etat. Ce n’est qu’en 1843 que sera créé le Bureau des travaux de la Ville, qui s’occupe aussi bien des constructions que de l’entretien et de la restauration des immeubles, ponts, rues, machine hydraulique etc. La grande variété de ces tâches s'explique par la taille réduite et les minces ressources de l'administration dans les premières décennies de la Municipalité.

Progressivement, on distingue les travaux extraordinaires (construction) des travaux ordinaires (entretien ou petites constructions). En effet, les budgets alloués au Bureau sont régulièrement dépassés du fait d'arrangements qui sortent de l'entretien ordinaire des immeubles municipaux. La nécessité de réorganiser et/ou de subdiviser la gestion du secteur immobilier est alors d'actualité.

Ainsi, au milieu des années 1850, la "Section des travaux du Conseil administratif" apparaît comme une entité séparée des autres cellules affectées à la gestion des propriétés municipales (Entretien des bâtiments municipaux, Voirie et élargissement des trottoirs). Différentes lignes budgétaires sont ainsi accordées au Bureau (ou Section) des travaux et à l'entretien des bâtiments municipaux.

A partir des années 1870, la constante évolution de l'organigramme ayant trait aux fonctions d'aménagment, de construction et d'entretien est inévitable. En effet, la taille croissante de la municipalité amène à de profonds remaniements de l'organisation des secteurs liés à l'urbanisme, ce qui explique la disparition du Bureau des travaux en tant que tel et l'évolution permanente de ses "descendants" (services/départements dont l'ampleur et le contenu des tâches n'ont que peu de rapport avec le cahier des charges du Bureau des travaux originel).

En 1895, la loi générale sur les routes, la voirie, les constructions, les cours d'eau, les mines et l'expropriation apporte une certaine clarification dans les questions complexes liées à la construction et à l'entretien du domaine public. Elle définit notamment précisément les compétences cantonales et communales respectives dans ces domaines.

Dès 1909, suite au règlement du 29 décembre 1908, le Bureau des travaux se mue en une structure plus homogène, le Service des travaux. Ce dernier est progressivement organisé en une Direction générale et trois sections : la Section I Bâtiments, études et travaux neufs, la Section II Promenades et jardins et la Section III Voirie. L'entretien des bâtiments est, quant à lui, pris en charge par un service "frère", le Service des bâtiments.

L'organisation et les tâches du Service demeurent relativement stables jusqu'au cours des années 1930, quand les réorganisations des activités immobilières, de construction et d'entretien se succèdent à un rythme soutenu. A la base de ce changement : la fusion des communes urbaines de 1931 et la prise en charge de tout ce qui concerne l'établissement et l'entretien du domaine public par l'administration cantonale.

En effet, en l'application des dispositions et de l'accord survenu avec le Conseil d'Etat le 27 octobre 1931, l'ingénieur en chef du Service des travaux, deux techniciens de la Section I (Etudes et travaux neufs) ainsi que tout le personnel de la Section III (Voirie) sont transférés dans l'administration cantonale; le Service des travaux, pour sa part, disparaît et est remplacé par trois nouveaux services : le Service immobilier, le Service des constructions et études et le Service des parcs et promenades.

L'année 1931 marque donc la fin de l'existence du Service des travaux proprement dit. Par ailleurs, dès le milieu des années 1930, les changements que connaissent les organigrammes sont tellement importants qu'il serait vain d'essayer de dessiner une filiation parfaite entre le Bureau des travaux originel et les différentes formes que vont revêtir la gestion des constructions et de l'entretien des bâtiments municipaux et celle du domaine public. Quoiqu'il en soit, les nouvelles entités municipales et cantonale en charge de ces tâches continueront d'exister indépendemment les unes des autres, avec des structures et des attributions plus ou moins stables, jusqu'à ce que la voirie et le domaine public retournent dans le giron municipal en 1975.

Finalement, il est intéressant de constater que les tâches initiales du Bureau des travaux - voirie, construction, entretien et aménagement - se trouveront à nouveau réunies dans une superstructure commune lorsque le Département municipal de l'aménagement, des constructions et de la voirie sera créé en 1985, hormis pour les parcs et promenades qui, eux, rejoindront définitivement le Département municipal des affaires sociales, des écoles et de l'environnement.

Le Bureau des travaux s'occupe de tout ce qui a trait aux propriétés municipales, de leur construction à leur entretien. De plus, il est affecté à la réalisation de divers aménagements publics. Enfin, dès ces premières années d'existence, il a également pour mission de répondre aux requêtes présentées par des particuliers pour divers travaux publics.

Le Bureau se caractérise par des tâches d'une grande diversité, puisqu'il s'occupe non seulement de la construction et de l'entretien des propriétés municipales, mais également de l'aménagement de la voie publique (quais, ponts, trottoirs, pavés, promenades, égoûts, horloges, noms et plaques des rues, machines hydrauliques, fontaines ou concession d'eau). La cellule est même en charge de l'éclairage de la Ville jusqu'en 1848 (puis à nouveau dès sa commutation en Service des travaux en 1908-9).

Au cours des années 1850, ladite "Section des travaux du Conseil administratif" se consacre avant tout à des petits travaux de construction et d'entretien en Ville de Genève (réparations diverses, établissement d'enseignes, de devantures de magasins, de trapons de caves ou de portes), tandis que le secteur "travaux" continue d'englober la totalité des travaux de construction et d'entretien de la voie publique. L'énonciation sous une même rubrique d'activités fort différentes est une constante dans les compte-rendus de l'administration jusqu'en 1876.

Avec la détachement progressif depuis 1877 de la gestion des eaux et la création d'un véritable Service des eaux en 1882, la structure des travaux ne comprend dès lors plus la gestion des fontaines, des canalisations et des machine hydrauliques. Dès 1908-1909, tous les services de type industriel (services électriques, du gaz, des eaux) sont définitivement écarté de la structure des travaux du fait de leur importance croissante dans l'administration municipale. Si les travaux d'entretien sont sont à la charge d'une structure homogène depuis 1882 (soit la Voirie), cette dernière reste rattachée au Bureau des travaux, à témoin sa commutation en "section" du Service des travaux dès 1908-1909.

En 1912, c'est au tour de la gestion des bâtiments d'être sortie provisoirement du Service des travaux. En vertu de son nouveau règlement du 2 avril, le nouveau Service des bâtiments (entretien) devient autonome vis-à-vis du Service des travaux dans sa gestion de l'entretien des bâtiments municipaux (bâtiments et mobilier scolaires, musées, théâtres, horloges, etc.). Cette sépartation ne sera toutefois pas définitive puisqu'en 1931, l'entretien des propriétés municipales reviendra dans le giron de l'organe successeur du Service des travaux. Par contre, à la même période, ce dernier s'occupe toujours de l'éclairage public.

Pendant les années 1910, les nouvelles fonctions assignées au service sont la preuve de la mutation constante de l'administration communale; opérations immobilières diverses, cultures maraîchères, achat de prétrole ou encore soupes municipales sont autant de fonctions que remplit la direction générale du service. Au-delà de ces activités secondaires, l'essentiel des tâches du service demeure stable jusqu'aux réorganisation des années 1930. Par la suite, les tâches de gestion purement immobilière seront tantôt rattachées, tantôt séparées des questions de construction, d'aménagement et de voirie.

Loi générale sur les routes, la voirie, les constructions, les cours d'eau, les mines et l'expropriation du 15 juin 1895.

Règlement du Service des travaux du 29 décembre 1908.

La grande variété des tâches initialement dévolues au Bureau des travaux implique une constante évolution de son organisation. Cette caractéristique se retrouve également au niveau de la nomenclature de la structure, puisque le terme Bureau disparaît rapidement des comptes-rendus de l'administration. Si la "Section des travaux" est mentionnée dans les comptes-rendus entre 1845 et 1859, elle renvoie aux petits travaux d'entretien sur la voie publique; la Section des travaux doit donc être comprise comme une sous-structure du secteur "Travaux" qui couvre encore l'ensemble des tâches de construction et d'entretien (comme c'est le cas dans les comptes-rendus dès 1861 et à titre d'exemple explicite dans celui de 1881, p. 95).

La représentation des différentes tâches comprises dans le mot "travaux" est affinée dès 1882 : l'entretien des bâtiments municipaux, promenades et jardins ainsi que des horloges est compris dans la rubrique "propriétés municipales", tandis que le terme "voirie" s'impose pour toutes les questions liées à l'entretien des rues, ponts, égoûts, etc. Les travaux de construction sont de leur côté dénommés alternativement "travaux extraordinaires" ou "travaux divers".

L'organisation du Bureau des travaux en véritable "Service" intervient en 1908-1909, avec l'adoption d'un règlement qui clarifie quelque peu l'organisation de sa structure. Le Service des travaux est alors dirigé par un Ingénieur en chef et composé d'une direction générale qui chapeaute le travail de plusieurs sections : celle des Bâtiments (Section I : entretien des bâtiments municipaux et du réseau d'horloges électriques, qui s'intitulera par la suite "Bâtiments, études et travaux neufs"), celle des Promenades et jardins (Section II), celle de la Voirie (Construction) (Section III : en charge de la gestion des rues, ponts, quais et égoûts) et celle de la Voirie (Nettoiement) (Section IV). Les deux sections en charge de la voirie n'en formeront qu'une seule à partir de 1927.

En 1931, se met en place un système décentralisé dans lequel plusieurs services se répartissent les tâches du défunt Bureau/Service des travaux. Le Service des construction et études et le Service des bâtiments (entretien) reprennent l'essentiel des activités du secteur, tandis que le Service immobilier municipal et le Service des parcs et promenades gagnent en autonomie par rapport à l'ancienne structure "travaux". Bâtiments, construction et études seront d'ailleurs regroupés dans un même service, le Service immobilier et des bâtiments, dès 1937. Cependant, de son côté, le Département des travaux publics reste toujours chargé des questions de génie civil, des routes et de la voirie, et ce jusqu'au retour de ces activités au sein de l'administration municipale en 1975.

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