- Galerie Motte
Identification
Type d'entité
CollectivitéForme(s) autorisée(s) du nom
Galerie Motte
DescriptionDates d'existence
1948-1993Histoire
Marguerite Motte est née à Vienne le 28 février 1911 d'une mère modiste française : Lilette Perron, et d'un père avocat juif roumain travaillant dans la Banque national de son pays : Akos Frankl. Elle reste dans la capitale autrichienne quatre années avant d'emménager avec sa mère à Genève ; puis, à partir de l'âge de quinze ans, elle se rend fréquemment en Roumanie pour voir son père. Durant toute son enfance, elle est en contact avec le monde des arts. Son père, également pianiste, reçoit dans sa maison beaucoup d'artistes, et ses grands parents possèdent plusieurs oeuvres d'art, dont des impressionnistes français. C'est d'ailleurs en Roumanie qu'elle découvre les artistes contemporains (cubistes...). A Genève, elle suit des études (jusqu'au niveau secondaire), prend des cours de chant (premier prix) et de danse au Conservatoire. Vers 1930, elle entre dans le monde du travail - naturellement en relation avec le monde des arts - elle est vendeuse dans le magasin de mode de sa mère, et travaille également comme mannequin occasionnel. Pendant la Deuxième guerre mondiale, elle perd son mari M. Jean Motte qui meurt quelques mois après leur mariage (célébré en décembre 1939), et à partir de août 1940, elle est engagée comme secrétaire à Annemasse au bureau suisse des passeports. En 1948, de retour à Genève, elle décide, sur le conseil de sa mère, de se reconvertir et d'ouvrir une galerie d'antiquités à Genève. Ainsi naît la première Galerie Motte à la rue du Rhône.
Les débuts sont modestes, les ventes mauvaises ; la reconnaissance se fera progressivement. L'histoire de la Galerie Motte (ou « des » galeries Motte, puisqu'elle changera plusieurs fois de locaux) apparaît avant tout comme étant une histoire de rencontres. D'abords avec l'artiste et ami genevois : Maurice Barraud qui lui propose fin 1949 de consacrer ses activités à la peinture. Ce dernier lui apprend comment mettre en place et organiser une galerie ; et, afin d'amener les clients, il y présente ses propres oeuvres lors de l'inauguration. Les expositions se succèdent, les rencontres également. A Paris, lors d'un rapide passage à l'école du Louvres, elle obtient ses premiers contacts avec des grands collectionneurs (Georges Wildenstein...). Dès lors elle acquiert des oeuvres qui viennent de différents continents qu'elle va vendre également à travers le monde (Elle se rend en Egypte en 1951, à Caracas en 1969...). Grâce à ses relations, elle agrandit sa clientèle, entre en contact avec d'autres galeries (par exemple la galerie londonienne O'Hana, les galeries japonaises Nichido et Tamenaga, ou encore la Sidney Janis Gallery avec qui elle traite en 1960 pour l'achat d'une collection Picasso) organise de grandes ventes au enchères, ouvre même temporairement une succursale à Paris.
Pendant plusieurs décennies, la Galerie Motte connaît un succès international, même si parfois les critiques de la presse locale sont sévères. La galerie aura cependant à vivre une période difficile dans la deuxième moitié des années septante ; la crise du pétrole entraîne la chute du dollar et les clients américains achètent moins Cette situation est aggravée par d'autres problèmes financiers liés aux pratiques frauduleuses d'un des comptables qu'elle a engagé. De plus, Marguerite Motte se blesse grièvement lors d'une chute dans un escalier roulant, ce qui l'oblige à se retirer temporairement du marché de l'art. Fin 1980, les affaires reprennent et l'aventure continue avec l'inauguration d'une nouvelle Galerie Motte, rue Glacis-de-Rive.
La galeriste fait parti des quelques pionniers dans le domaine de l'exposition et de la vente d'art contemporain sur territoire helvétique. Le marché suisse est à cette époque un nouveau territoire à conquérir ; les conditions fiscales sont avantageuses et il n'y a aucune restriction pour l'exportation de tableaux. Dans les années soixante, la Suisse tient la quatrième place du marché de l'art mondial (après les Etats-Unis, l'Angleterre et la France). Malgré la reconnaissance internationale, la Galerie Motte ne résistera pas à la mort de sa propriétaire le 25 février 1993 ; cinq mois après, le jugement de faillite est prononcé.
Zones géographiques
Galerie Motte à Genève :
-Rue du Rhône 7 (1948-1954)
-Rue du Passage des Lions 5 (1954-1964)
(Pendant cette période-ci, les ventes sont organisées hors de la galerie Motte - question de place- au Théâtre de la Cour de Saint-Pierre, rue de l 'Evêché 3.)
-Quai Général Guisand 10 (1964-1978)
-Rue Glacis-de-Rive 21 (1980-1993)
Succursales :
-Paris, rue Bonaparte 22 (1963 [?]-1973)
-Cannes, Croisette, "Galerie 22" [?]Fonctions et activités
La Galerie Motte est fondée à Genève à la fin de la deuxième guerre mondiale. A cette époque, le marché de l'art reste peu développé en Suisse romande et surtout le public genevois est mal préparé aux nouvelles formes d'expression picturale que la galerie va lui présenter. (Dans ses mémoires, Marguerite Motte souligne le fait que, lors de ses études à Genève, l'enseignement de l'histoire de l'art s'arrêtait au XVIIIe siècle) En 1949, lorsque la Galerie Motte tient sa première exposition de peinture, elle est la sixième galerie installée sur le territoire genevois (après les deux galeries Moos, les deux galeries Benador et la galerie de l'Athénée). Celle-ci va donc contribuer à faire découvrir l'art contemporain au public romand.
De grands noms sont exposés à la Galerie Motte ; des impressionnistes (Degas, Renoir, Manet...) et « post-impressionnistes » (Cézanne, Van Gogh, Gaugin...) aux artistes contemporains ; cubistes (Picasso...), surréalistes (Max Ernst...), expressionnistes abstraits (Rothko, De Kooning...)... Certains artistes jouissent déjà d'une notoriété, d'autres sont encore difficilement acceptés par le public genevois (C'est le cas des trois derniers noms cités). La Galerie Motte essaie également de faire découvrir des artistes européens et américains inconnus, mais jugés novateurs (Le meilleur exemple reste Bernard Buffet, alors artiste débutant), et encourage les jeunes peintres locaux (Au début des années cinquante, elle créé le prix de la jeune peinture genevoise, puis le concours « Colombe » réservé au artistes protestants). Toutefois, la Galerie Motte se s'est pas consacrée uniquement à l'art contemporain ; il y eu des expositions sur les arts africains, asiatiques, précolombiens... et sur quelques artistes européens de l'époque dite moderne.
Ces différentes expositions sont accompagnées par des ventes aux enchères d'oeuvres d'art. C'est lors d'un séjour à Paris qu'elle fait la connaissance du commissaire priseur de la salle Drouot ; Monsieur Bélier. Ce dernier l'encourage à diversifier ces activités, car à l'époque Berne est la seule ville helvétique où des ventes publiques sont organisées, mais ces dernières sont consacrées à l'école allemande principalement. Par la suite, elle organise d'autres ventes, en Suisse, mais aussi à Monte Carlo, à Montevideo... (avec l'aide de l'huissier judiciare Maître Cosandier et du galeriste-expert en art Jacques Dubourg) et à partir de 1954, elle donne des conférences sur l'art contemporain. Le "fonds Motte" mentionne également quelques parutions de livres d 'art, élaborés en collaboration avec Jacques Damase, qui sont publiés à la suite d 'expositions à succès (par exemple l'ouvrage "La gravure d 'Ensor").
Organisation interne
Les débuts de la Galerie Motte sont modestes. Les premiers textes qui y font référence, donnent l'impression que la galeriste s'organise presque seule pour accomplir toutes les tâches. Elle transporte elle-même les tableaux dans (et sur le toit de) sa voiture. Des amis lui donnent quelques coups de mains. Faute de moyen, elle ne peut se permettre les moyens d'engager de la main d'oeuvre. Plus tard, elle engage un « staff » d'une dizaine de personne (chauffeurs, libraires, secrétaires ...), utilise un transitaire et possède plusieurs véhicules (pour le transport des oeuvres, pour recevoir les clients et pour son usage personnel). C'est également à ce moment qu'elle ouvre une succursale à Paris. Cet âge d'or de la galerie semble se situer entre la fin des années soixante et le début des années septante ; période où le marché du pétrole est favorable et le dollar est une monnaie forte. Toutefois, même avec le succès et même entourée d'employés, Marguerite Motte continue de tenir seule les rênes de la galerie qu'elle dirige depuis Genève. Elle y travaille jusqu'à quinze heures par jour. Les expositions et les ventes sont organisées méticuleusement plusieurs mois à l'avance. Avec le recul, Marguerite Motte reconnaît avoir organisé trop d'expositions à ses débuts (faute d'argent), et regrette de n'avoir su se « décharger » en déléguant des responsabilités à un chef du personnel. Il ne fait pas de doute que la galerie doit son succès et sa longévité à sa directrice. Il n'est donc pas surprenant de constater que après la mort de cette dernière, la galerie fait faillite.
Contrôle de la descriptionCode d'identification
CH.AVG.MOTTEISAARCode d'identification du service
CH-001140-3 Archives de la Ville de GenèveRègles et conventions
Notice établie conformément à la norme internationale sur les notices d’autorité utilisées pour les archives relatives aux collectivités, aux personnes ou aux familles (2e édition, 2004) (ISAAR(CPF))
Forme autorisée du nom établie par les Archives de la Ville (AVG)Date de création, de révision ou de destruction
Mars 2008. Création : Julien BourquinLangue et écriture
Français (Suisse)Sources
Fonds Motte ; en partculier :
-Motte G.2/1-Documents autobiographiques
-Motte G.1/1-Dossier Mme Ramseier : Notes prises pendant les interviews
-Motte G.1/3 -Dossiers Mme Ramseier : Expos de 1950 à 1952 avec catalogues expos.
Ressource(s) documentaire(s)Ressource documentaire 1
Galerie MotteCote
MotteType de ressource associée
Fonds d'archives
Nature de la relation
ProducteurDates des ressources associées
1932-1997