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Journal de Genève

  • Journal de Genève
  • Identification

  • Type d'entité
    Collectivité
  • Forme(s) autorisée(s) du nom
    Journal de Genève

  • Description

  • Dates d'existence
    1826-1997
  • Histoire

    Le Journal de Genève, fondé en 1826, est resté pendant des décennies le média de référence de la presse écrite locale. De tendance libérale, il a connu dans les premières années de son existence des tumultes liés aux tensions entourant les origines du libéralisme.

    Lors de la restauration de 1814, et surtout depuis l'adoption de la Constitution de 1816, les élites conservatrices de Genève sont parvenues à reprendre le pouvoir laissé vacant par l'occupant français. Entre le départ de ce dernier et l'adoption en votation populaire de la Constitution, une minorité libérale, menée notamment par l'économiste Sismondi, a bien tenté d'insuffler à la République un vent de réformes, mais ce dernier n'est pas parvenu à s'imposer.

    Dès lors, depuis 1816, les libéraux n'ont pas beaucoup de solutions pour faire entendre leur voix. Pratiquement absents du Parlement, ils trouvent dans l'édition d'un journal une manière de diffuser leurs idées et de lancer des débats. Ainsi naît en 1826 le Journal de Genève, une publication qui reprend le nom d'une éphémère feuille parue épisodiquement quelques décennies auparavant.

    Un mythe de l'historiographie radicale voudrait que ce soit James Fazy qui ait créé le Journal de Genève. Si le leader radical fait partie des premiers rédacteurs (avec Salomon Cougnard, Jean-François Chaponnière, Jean-Antoine Petit-Senn et Antoine Gaudy-Lefort), son rôle précis est mal connu. Libéral de talent, mais excessif dans ses critiques, Fazy oriente immédiatement la ligne rédactionnelle vers la polémique. Il ne tient que huit mois, puis quitte avec fracas la rédaction du journal, qui mesure désormais ses attaques.

    A ce moment, Genève est dirigée par le premier syndic Jean-Jacques Rigaud, qui, bien qu'issu des rangs conservateurs, est un modéré. Cette forte personnalité, qui sait s'attirer les sympathies de la population, neutralise par son charisme la contestation libérale, sans cesse hésitante entre une opposition farouche et une attitude plus mesurée. Dans les faits, le Journal de Genève est, dans les premières années de son existence, balloté entre ses deux lignes rédactionnelles, Fazy prônant la ligne dure d'opposition au gouvernement.

    En 1834, le Journal de Genève est racheté par James Fazy, qui le fusionne avec l'Europe Centrale, un titre qu'il a créé quelques mois auparavant : son but est de ramener le Journal de Genève sur la ligne dure d'opposition. Cette manœuvre échoue par manque de lecteurs, et quelques mois après, en juin 1836, Fazy cesse de signer des textes dans le Journal de Genève, tandis que l'Europe Centrale disparaît.

    Le titre ne sera vendu qu'en 1839, et, alors que Fazy mène la Révolution en 1846 et fait adopter une nouvelle Constitution l'année suivante, le titre adopte enfin un parti clair, celui du libéralisme modéré. Il est racheté par Joël Cherbuliez en 1846 et fait campagne contre la Constitution fazyste. De là lui vient son mot d'ordre: «Nous maintiendrons».

    C'est paradoxalement la purge menée par Fazy à l'Académie, dans les mois qui suivent la Révolution, qui permet au Journal de décoller. En 1849, il se dote d'un rédacteur en chef efficace, Jacques Adert, professeur déchu, qui va lui donner sa dimension internationale. Sous sa direction, le Journal devient un quotidien et connaît un essor important en adoptant une ligne conservatrice, en opposition au régime radical de Fazy. Grâce aux correspondances à l'étranger et à des écrivains de renom, le Journal acquiert une renommée européenne, en particulier grâce à sa couverture de la guerre franco-allemande de 1870-1871 par Marc Debrit, rédacteur en chef dès 1885, et se profile comme un organe du libéralisme et de l'humanisme modernes. En 1873, l'entreprise prend la forme d'une société anonyme.

    Au début du XXe siècle, le Journal de Genève est le porte-parole officieux du parti démocratique, futur parti libéral et surnommé le grand parti, même si ce dernier a temporairement pris ses distances, suite à sa défaite électorale de 1897, en créant le journal La Suisse, revendu cinq ans plus tard. Au cours de cette période, bon nombre des dirigeants du Journal de Genève sont membres du grand parti, à l'image de Jean Martin, directeur du journal dès 1933, auparavant président du parti démocratique de 1923 à 1925 et de 1930 à 1931.

    Dans les années 1920, et plus particulièrement après la nomination de René Payot comme rédacteur en chef en 1933, la ligne rédactionnelle du Journal se caractérise par un anticommunisme virulent et par une sympathie pour Mussolini et pour Franco. Pourtant, le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale offre l'occasion à René Payot d'afficher ses convictions anti-nazies et de soutenir dès 1942 les forces françaises libres, tant dans le Journal de Genève que sur les ondes de la Radio suisse romande.

    L'après-guerre, moins mouvementée sur le plan de la politique locale, correspond également à une période de prospérité pour le Journal de Genève. Entre 1950 et 1970, il est dirigé par Raymond Deonna et Olivier Reverdin. Mais le nombre d'abonnés se tasse vers la fin du siècle, et les recettes publicitaires, d'abord florissantes, se tarissent dès la fin des années 1980. De toute évidence, la Suisse romande constitue un marché trop étroit pour les quotidiens qui l'habitent. Le journal La Suisse, attaqué par la Tribune de Genève (qui modifie son heure d'édition pour paraître en même temps que son concurrent), disparaît en 1994. Le Journal de Genève, quant à lui, absorbe la Gazette de Lausanne, avec qui il collabore depuis 1972. Cette fusion ne résout pas les problèmes de trésorerie. Le lectorat vaudois ne suit pas, et condamne le titre à une nouvelle fusion en 1998 avec le Nouveau Quotidien, ce qui donne naissance au journal Le Temps.

  • Statut juridique
    Société anonyme
  • Fonctions et activités

    La longue histoire du Journal de Genève, vieille de 172 ans, a naturellement été émaillée d'étapes nombreuses qui ont permis au titre de prendre sa forme et son rythme d'édition définitifs. D'abord hebdomadaire, puis distribué deux fois par semaine, il passe en 1850 à six parutions hebdomadaires.

    Journal d'opposition libérale fortement axé sur les questions de politique locale, le Journal de Genève va adopter une ligne internationale, sous la direction de Jaques Adert, dès le milieu du XIXe siècle. Cette position va faire sa renommée. De nombreux correspondants traitent des sujets de politique internationale avec talent, au point que le Journal manque les deux grands événements locaux de la seconde moitié du XIXe siècle. En effet, la signature des premières Conventions de Genève en août 1864, puis le tribunal arbitral de l'Alabama en 1872 passent presque inaperçus. L'un et l'autre sont pourtant les actes fondateurs du droit international interétatique et humanitaire.

    La collaboration dès 1972 avec la Gazette de Lausanne, fondée à la fin du XVIIIe siècle, est une nécessité. Tout d'abord, cette collaboration consiste en un partage rédactionnel. Ce n'est qu'avec l'aggravation de la trésorerie des deux quotidiens que le Journal de Genève finira par racheter son associé et le fondre dans son titre.

  • Organisation interne

    D'abord société simple composée de souscripteurs, le Journal de Genève devient une société anonyme en 1873. A ce moment, le capital est de 100'000 francs, composé de 200 actions nominatives de 500 francs, libérées aux trois-quarts.

    La fabrication du journal évolue également : de 1826 à 1850, le Journal est imprimé chez Bonnant et Cie, et dès 1850 chez Ramboz et Cie.

    Autour du Journal de Genève, plusieurs structures se rajoutent. En 1899, les statuts du journal sont modifiés afin de permettre qu'il devienne son propre imprimeur. Dès cet instant, une imprimerie du Journal de Genève est créée et va, tout au long du XXe siècle, permettre au journal d'être rentable. En effet, cette imprimerie est largement bénéficiaire, contrairement au titre, ce qui lui a permis d'ailleurs de surmonter plusieurs crises financières. En 1988 toutefois, elle est revendue à Atar SA.

    La collaboration avec des agences de publicité a été récurrente, le Journal de Genève ne reprenant jamais cette activité sous son contrôle.

    Enfin, c'est en 1908 qu'est créée la Société des Amis du Journal de Genève.

    Dans les années cinquante, Olivier Reverdin (1954-1959), puis Bernard Béguin (1959-1970) succèdent à René Payot comme rédacteurs en chef, tandis que ce dernier reste directeur général et que Raymond Deonna devient président du Conseil d'administration.

    En 1970, Raymond Deonna donne les rênes du Journal à une équipe jeune formée de Marian Stepczynski (directeur), de Claude Monnier (rédacteur en chef) et de Jasmine Audemars (rédactrice en chef adjointe). Cette équipe promulgue une charte rédactionnelle qui précise la ligne générale et les relations entre les organes dirigeants et la rédaction.


  • Contrôle de la description

  • Code d'identification
    CH.AVG.JGISAAR
  • Code d'identification du service
    CH-001140-3 Archives de la Ville de Genève
  • Règles et conventions
    Notice établie conformément à la norme internationale sur les notices d’autorité utilisées pour les archives relatives aux collectivités, aux personnes ou aux familles (2e édition, 2004) (ISAAR(CPF))
    Forme autorisée du nom établie par les Archives de la Ville (AVG)
  • Date de création, de révision ou de destruction
    Novembre 2006. Création : Olivier Perroux.
    Août 2009. Mise à jour : Gilliane Kern. Révision et mise à jour
    Avril 2023. Mise à jour : AVG. Révision
  • Langue et écriture
    Français (Suisse)
  • Sources
    Centenaire du Journal de Genève : un siècle de vie genevoise, Genève, 1929 (rééd. 1998)
    FLAUX Dominique, Journal d'une fusion et Gazette d'un sophisme, Genève, 1998
    MAURICE Antoine et al., Une exécution sommaire : la fin du «Journal de Genève et Gazette de Lausanne», Chêne-Bourg, 1998
    SENARCLENS Jean de (dir.), Un journal témoin de son temps : histoire illustrée du «Journal de Genève» 1826-1998, Genève, 1999
    ENGEL Pierre, Le livre blanc d'un noir dessein, Genève et Lausanne, 2000
    DIESBACH Roger de, Presse futile, presse inutile : plaidoyer pour le journalisme, Genève, 2007

  • Ressource(s) documentaire(s)

  • Ressource documentaire 1
    Journal de Genève
  • Cote
    CH AVG JG
  • Type de ressource associée

    Fonds d'archives

  • Nature de la relation
    Producteur
  • Dates des ressources associées
    1826-1998