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  • Théâtre Mobile
  • Identification

  • Type d'entité
    Collectivité
  • Forme(s) autorisée(s) du nom
    Théâtre Mobile

  • Description

  • Dates d'existence
    1969 - 1991
  • Histoire

    Le Théâtre mobile est créé en décembre 1969, lorsque quatre comédiens genevois indépendants, Marcel Robert, Jacques Probst, Jane Friedrich et François Berthet, décident de monter "Fin de partie", de Samuel Beckett. Ils sont désireux "de s'exprimer hors des circuits traditionnels, de lutter contre certaines formes sclérosées du théâtre, et de trouver de nouvelles relations, plus directes, entre public et acteurs", selon les mots de Marcel Robert. Cette première pièce, représentée en février et mars 1970, est bien accueillie par la critique; elle se joue à la Maison des Jeunes de Saint-Gervais, puis dans quelques villes de Suisse romande et de France voisine.

    A partir de cette réalisation, le Théâtre mobile se développe progressivement, malgré des moyens extrêmement limités, et propose au cours des années suivantes plusieurs pièces qui sont jouées dans les endroits les plus divers, la troupe ne disposant d'aucune salle fixe : "Une tempête" d'Aimé Césaire (1970) est représentée au Parc Trembley, puis à la Salle du Faubourg, "Macbird" de Barbara Garson (1971) dans un café carougeois, "En attendant Godot" de Samuel Beckett (1971) dans un terrain vague... A chaque fois, la critique est unanime quant à l'exploitation ingénieuse et innovante que le Théâtre mobile fait de ces conditions scéniques inhabituelles. La nécessité de produire ses pièces dans des lieux théoriquement inappropriés constitue paradoxalement l'une des grandes forces de la troupe.

    En plus de ces réalisations, le Théâtre mobile organise deux années de suite (1971-72) un "Festival du Bout-du-Monde", dans le cadre duquel est notamment joué "En attendant Godot", qui mêle culture populaire et avant-gardiste. La deuxième édition a lieu à Meyrin; en dépit d'un certain succès, ce festival n'est pas reconduit, principalement en raison des difficultés financières du Théâtre mobile, qui n'est subventionné qu'au compte-gouttes par les autorités.

    Après une "Ruée vers l'ordre" de Georges Michel (novembre-décembre 1971) jouée à la Maison de Quartier de la Jonction, le Théâtre mobile se lance dans une création collective intitulée "Western" (1972). Cette satire de la vie politique genevoise transposée dans l'Ouest américain est le plus grand succès que connaît la jeune compagnie jusqu'alors; une fois encore, elle se caractérise par une mise en scène bousculant les normes du théâtre classique, qui intègre les spectateurs à l'action et les laisse choisir la fin qu'ils veulent donner à l'histoire. Cette pièce est jouée à 69 reprises, attire 6000 spectateurs à Genève (où elle se donne au café Pernet-Blanchard à Carouge) et est jouée dans de nombreuses villes suisses et française, notamment au Festival mondial du Théâtre de Nancy.

    Malgré l'engouement critique et populaire qu'elle suscite, la troupe, qui compte dorénavant une vingtaine de comédiens, rencontre toujours de grandes difficultés tant à survivre financièrement qu'à trouver un endroit où se fixer. De fait, elle est contrainte de s'exiler à Thonon le temps d'une pièce. Cela ne l'empêche cependant pas de produire une nouvelle création en 1974, "Foutue histoire!", qui revient sur certains épisodes occultés de la période 1789-1795 à Genève et qui, du même coup, assied définitivement sa réputation.

    La même année, la Ville de Genève propose au Théâtre mobile de s'établir dans la salle de gymnastique de l'ancienne Ecole du Grütli, rue du Général-Dufour 16. Celle-ci est cependant dans un état de délabrement avancé, et nécessite d'importants travaux. Les comédiens mettent la main à la pâte, et transforment cette salle en un "Grand Café du Grütli" qui ouvre ses portes en 1977. La Ville, de son côté, commence à subventionner le Théâtre mobile de manière régulière en 1975; par ce premier pas vers l'institutionnalisation, celui-ci rejoint le Théâtre de Carouge, la Comédie et le Théâtre de Poche au rang des théâtres dits "stables".

    Entretemps, le Théâtre mobile poursuit ses activités en divers endroits de Genève et d'ailleurs, collaborant avec d'autres compagnies suisses ou françaises (Theater am Neumarkt de Zürich, Théâtre Populaire Romand, Théâtre du Chêne Noir d'Avignon) et créant ses propres spectacles.

    Dans le sous-sol du Grütli, la troupe aménage un espace théâtral qui correspond dans les grandes lignes au style café-théâtre de pièces comme "Western" ou "Foutue histoire!" : la salle est relativement petite, passablement vétuste, mais accueillante et modulable à souhait. A cette période, sous l'impulsion notamment de Jean-Charles Simon (qui a intégré la troupe en 1971), le Théâtre mobile connaît un succès grandissant : entre les saisons 76-77 et 78-79, le nombre de spectateurs passe de 5091 à 19002. L'année 1979 est celle de l'adaptation des "Mystères de Paris" d'Eugène Sue, qui fait un véritable carton, encore une fois tant critique que populaire, et perpétue la tradition d'innovation chère au Théâtre mobile, puisque cette pièce est jouée en trois parties distinctes au rythme d'une partie par semaine.

    Néanmoins, des menaces ne tardent pas à venir planer sur ce bonheur précaire : le Grütli doit être incessament transformé en une "Maison des Arts", ce qui suppose d'importants travaux de rénovation et d'aménagement, et conséquemment l'éjection du Théâtre mobile. Finalement, les travaux commencent en 1984, et la troupe se retrouve une nouvelle fois sans scène fixe.

    Au début des discussions entre le Théâtre mobile et la Ville, qui gère le Grütli, il semble acquis que le premier pourra, une fois les travaux terminés, reprendre possession des lieux. Cependant, les derniers spectacles montés dans l'ancienne salle de gymnastique en 83-84, comme "La forêt" d'Alexandre Ostrovsky, séduisent de moins en moins le public, et partant convainquent de moins en moins la municipalité, au point que l'attribution de la salle du Grütli au Théâtre mobile est peu à peu remise en cause. En 1987, la Ville propose à Jean-Charles Simon, figure de proue de la troupe, de prendre la direction de la future Maison des Arts; l'acteur décline l'offre et, dans la foulée, quitte le Théâtre mobile.

    Le coup est rude pour la compagnie, d'autant plus que la FIAT (Fédération des Indépendants Artistes, Artisans et Animateurs de Théâtre), dirigée par l'un des fondateurs du Théâtre mobile, Marcel Robert, saisit l'occasion pour revendiquer le poste, et l'obtient. Ainsi, alors que tout désignait le Théâtre mobile comme le repreneur assuré de l'endroit, la conjonction de la baisse de qualité [popularité?] des derniers spectacles produits et du départ de Jean-Charles Simon l'évince finalement, contre toute attente.

    Malgré tout, la troupe continue de monter deux spectacles par an, qui sont hébergés dans différentes salles genevoises, sans renouer pour autant avec le succès qu'elle connut un temps. Enfin, lors des discussions portant sur le budget 1991 de la Ville de Genève, le Conseil municipal décide de supprimer purement et simplement la subvention accordée au Théâtre mobile, ce qui signifie de fait la mort de celui-ci, qui ne compte à présent plus que cinq membres; il joue encore deux pièces en 1991 à la SIP, plutôt piètrement accueillies, puis cesse définitivement son activité.

  • Zones géographiques
    Genève
  • Statut juridique
    Association au sens des art. 60 et suivants du Code civil suisse
  • Fonctions et activités

    Le Théâtre mobile a pour but "d'amener au théâtre tous ceux pour qui cela ne représentait jusqu'à présent qu'un divertissement élitaire"; à ce titre, il s'inscrit clairement dans une optique théâtrale novatrice et marque une volonté nette de rompre avec la tradition [considérée comme] "sclérosée" qui prévaut à l'époque de sa création. Cette orientation l'amène naturellement à présenter tant des classiques revisités (Shakespeare, Dumas, Musset) que des oeuvres contemporaines (Michel, Garson, Beckett) ou des créations collectives, comme "Western" et "Foutue histoire!".

    Cet éclectisme culturel se retrouve dans la grande variété des scènes qu'utilise la troupe au cours de ses premières années d'existence. Une fois établie, provisoirement, au Grütli, elle poursuit la même politique de diversité littéraire, en s'attachant notamment à adapter quelques oeuvres populaires comme "Les mystères de Paris" ou "Le crime de l'Orient-Express" dans un univers qui touche au grand-guignol. Le succès populaire conditionne fortement les activités du Théâtre mobile, et c'est le progressif désintérêt du public au cours des années 80 qui provoque finalement la disparition de celui-ci.

  • Organisation interne

    Au cours de ses premières années d'existence, le Théâtre mobile se bat continuellement pour survivre financièrement, mais il est alors parfaitement autonome, ne recevant des subsides des autorités municipales et / ou cantonales qu'au cas par cas. Dès 1975, celles-ci décident de subventionner la compagnie de façon régulière, au même titre que les autres théâtres "stables". Cette situation dure jusqu'à ce que la subvention soit supprimée en 1991, signifiant de facto la fin du Théâtre mobile.

    Le Théâtre mobile, à l'origine, ne possède pas réellement de statut définissant son organisation interne puisqu'il n'est que le résultat d'une volonté commune à quatre comédiens de se réunir ponctuellement afin de monter une pièce ("Fin de partie"). Cependant, la troupe se dote rapidement de certains règlements qui régissent, dans une certaine mesure, son fonctionnement.

    Ainsi, tout comédien ou comédienne participant à deux spectacles peut devenir membre de l'association, avec l'obligation d'y être actif au moins une fois par an sous peine d'en être exclu. Les membres élisent un comité qui s'occupe des tâches administratives. L'assemblée des membres décide quant à elle de la programmation, des salaires et de la distribution des rôles. Dans la pratique, chaque membre peut se voir investir de différentes responsabilités; un de ces membres parle en 1977 de 21 "associés" qui sont tout à la fois "comédiens-techniciens-décorateurs-metteurs en scène-administrateurs".


  • Contrôle de la description

  • Code d'identification
    CH.AVG.TMISAAR
  • Code d'identification du service
    CH-001140-3 Archives de la Ville de Genève
  • Règles et conventions
    Notice établie conformément à la norme internationale sur les notices d’autorité utilisées pour les archives relatives aux collectivités, aux personnes ou aux familles (2e édition, 2004) (ISAAR(CPF))
    Forme autorisée du nom établie par les Archives de la Ville (AVG)
  • Date de création, de révision ou de destruction
    Novembre 2006. Création : Raphaël Piguet
  • Langue et écriture
    Français (Suisse)

  • Ressource(s) documentaire(s)

  • Ressource documentaire 1
    Théâtre Mobile
  • Cote
    CH AVG TM
  • Type de ressource associée

    Fonds d'archives

  • Nature de la relation
    Producteur
  • Dates des ressources associées
    1969-1991